QUI DOIT GOUVERNER LA NOUVELLE SOCIETE AFRICAINE ? VOL I


 QUI DOIT GOUVERNER LA NOUVELLE SOCIETE AFRICAINE ?

 

Par

JP KAYA

La question fondamentale de la Science Politique est celle de savoir : « Qui gouverne ? ». Nous la transformons légèrement ici pour l’appliquer à l’enjeu de sortie de la Société Postcoloniale.

Pour succéder au régime actuel du PCT au Congo-Brazzaville, il faut non seulement avoir une connaissance approfondie du pays, mais je ne doute pas que tous les prétendants puissent être irréprochables sur ce point.  Mais faut-il encore comprendre la nature de la crise dans laquelle nous sommes plongés. Non seulement au Congo, mais aussi dans toute la communauté africaine. Ici encore on peut se débrouiller en faisant du copier-coller. Cependant  le point sur lequel on ne peut tromper que soi même et non pas le peuple, c’est celui des compétences requises pour piloter le système politique.

1-      La plupart des Africains se trompent lamentablement sur la question de la vocation  d’Homme politique. Pour beaucoup, les intellectuels, les chercheurs et les savants sont trop versés dans la réflexion, dans l’abstraction, et ne sont pas habilité à gouverner un Etat. La question amusante qui vient tout de suite à l’esprit est celle-ci ? Qui est alors  taillé pour ce métier ?   On va voir que la réponse à cette question n’est pas si simple.

2-      En fait le métier d’Homme Politique et notamment de Chef d’Etat est le plus difficile qui soit. Comparons ce métier à une activité de gestion. Imaginons le fait de gérer un commerce, même au niveau le plus élémentaire en vendant quelques marchandises sur une table au marché. Le fait  de gérer un kiosque, ou une association. Allons plus loin, abordons la gestion d’une entreprise ou d’une administration. Gravissons encore quelques marches, imaginons une entreprise multinationale, avec des succursales dans des dizaines de pays dans le monde. Ou alors considérons la charge de gérer un Ministère, un Département ou une Région etc. On imagine donc que diriger un Etat, quelle que soit sa taille est une activité infiniment plus complexe. Une fonction qu’il est hasardeux de solliciter quand on ne possède pas les capacités requises. Faut-il ajouter qu’un Etat ne se gère pas comme une entreprise ? La gestion de la chose publique tout en recourant à des méthodes rigoureuses, ne poursuit pas la même finalité que la gestion d’une entreprise privée qui pour l’essentiel, vise le profit.

3-      Dans l’Antiquité déjà les Pharaons préparaient longtemps à l’avance, dans des Ecoles spécialisées les futurs Princes à leur métier. Car il est évident qu’un Etat ne peut être géré comme un kiosque à journaux, quand on sait à quel point   déjà cette  activité  nécessite   des qualités de gestionnaire.

4-      Certains croient que le Président d’une République, ne devrait simplement avoir que des idées générales, et approximatives, plus ou moins précises de sa fonction. Seuls ses ministres seraient dans l’obligation de posséder toutes les compétences. Mais alors comment fera t-il pour les contrôler ? Comment va-t-il vérifier que sa politique est exécutée par chaque département ministériel d’après la ligne politique qu’il a fixée ? Je soupçonne les nombreux conseillers occidentaux qui s’accrochent aux administrations africaines comme des parasites, d’avoir  fabriqué ce mythe.  Cette idée d’une irresponsabilité pratique du Chef d’Etat africain contemporain, pour mieux faire accepter leur présence et leur nécessité, afin de prolonger la colonisation.

5-      En réalité le Chef de l’Etat doit posséder toutes les compétences distribuées de façons complémentaires entre ses ministres. Il doit être formé et préparé pour la fonction suprême qu’il aspire à exercer. La situation historique actuelle des pays africains impose même que cette exigence devienne un impératif absolu. On a beau critiquer les Grandes Ecoles dans les pays développés comme par exemple l’ENA, Science Po, EMN, etc , ces institutions répondent à des demandes précises, celles de piloter le système politique d’une société moderne complexe, qu’il n’est pas possible d’abandonner à des amateurs. Les enjeux sont trop importants, car il s’agit du destin d’une Nation, de la vie de millions de citoyens. D’ailleurs l’incompétence d’un gouvernement se constate directement dans la réalité immédiate. Le problème se complique lorsqu’à l’incompétence s’ajoutent  la malhonnêteté et l’irrationalité dans la conduite des agents de l’Etat, donc à travers la prédation et le Tribalisme par exemple. Il n’est pas besoin d’être devin pour comprendre pourquoi  la crise de la Société Postcoloniale constitue un cercle vicieux dans ces conditions.

6-      Le prochain régime politique congolais, doit donc mettre fin à un héritage pathologique que les Africains supportent depuis la Traite et la Colonisation. La Société postcoloniale, n’est que la reproduction et la continuation de ce double héritage historique qui non seulement a aliéné les Nègres, mais les a complètement castré mentalement. Le nouveau Chef de l’Etat doit donc être non seulement un gestionnaire compétent formé expressément pour exercer ce métier, mais aussi un authentique révolutionnaire. Qui, non content de rompre les liens de façon décisive avec l’ancien régime, doit avoir conçu un vaste projet de société pour remplacer ce régime défunt. Ici s’impose l’image des Hommes d’Etat historiques  comme LENINE ou MAO, qui non seulement ont pensé la rupture avec un Régime révolu, mais aussi ont été capables de penser et de bâtir une nouvelle société. Naturellement cette comparaison ne concerne en rien la nature de leur  projet de société et de la philosophie qui la sous-tendait.

7-      Bref, s’il est possible de trouver des excuses aux Hommes politiques africains actuels, dans la mesure où leur incompétence,  et leur irrationalité peuvent trouver des explications dans l’Histoire africaine des 10 derniers siècles, la nouvelle génération d’ Hommes Politiques Africains, instruits de la Théorie de la Révolution Africaine, et connaissant le projet de la société maâtocratique qui  en découle et s’impose suite à la liquidation de la Société Postcoloniale, n’aura plus d’excuses, et sera totalement responsable de chaque geste posé et de chaque action accomplie par ses élites.

VIE –FORCE-SANTE.

JP KAYA

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